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Actualités

Mesures économiques L’Europe du chacun pour soi1

17 Avril 2020, 08:28am

Publié par La Cgt70

Face à l’ampleur de la crise économique qui approche, les États européens renouent avec la dépense publique pour contrer la récession. Mais ils le font de manière décousue et en excluant la solidarité, comme après 2008.

Autant de politiques budgétaires que de pays dans l’UE La particularité de la Zone euro est d’avoir une seule politique monétaire (menée par la Banque centrale européenne) et des politiques budgétaires propres à chaque pays.

La nature du plan de 750 milliards d’euros de la BCE est expliqué dans un autre article de cette Lettre éco – nous n’y reviendrons pas. En ce qui concerne les mesures budgétaires, elles sont pour l’instant sensiblement les mêmes dans   les principales économies européennes : soutien au chômage partiel, reports d’impôts et cotisations, soutiens aux secteurs en difficultés, garanties publiques sur les emprunts privés, etc. L’idée est de maintenir les entreprises à flot le temps du confinement. Il semble qu’ici comme ailleurs, les ménages les plus modestes soient les grands oubliés des mesures de soutien2 . Le point frappant ne tient pas tant aux mesures prises qu’aux montants des mesures décidées. Environ 1,4 % du PIB en Espagne et en Italie, 2 % en France et 3,6 % en Allemagne . La principale raison tient sans doute au fait que l’Allemagne cumule des excédents budgétaires depuis des années, ce qui lui permet une plus grande marge de manœuvre sur la dépense publique. Ces politiques non coordonnées risquent d’avoir un impact sur la croissance des pays après le confinement. De manière générale, les plans annoncés paraissent bien pâles par rapport au plan de 2 200 milliards de dollars annoncé aux Etats-Unis, soit 11,5 % du PIB – trois fois plus que le plan allemand !

L’absence totale de solidarité européenne Le manque de coordination en Europe est un problème ancien (et la Zone euro risque bien de ne pas y survivre). Mais le manque de solidarité est une catastrophe. On risque fort de rejouer la crise de la dette de 2010-2011, en changeant peut-être de protagoniste. À l’époque, la Grèce avait été sacrifiée par refus de solidarité sur sa dette. Personne n’a oublié l’humiliation imposée au pays et la catastrophe sociale qui lui a été infligée. Cette fois il se peut que l’Italie joue le rôle de victime expiatoire. Pour l’heure, les pays « riches », c’est-à-dire avec une épargne importante, refusent toute idée de solidarité. Le message des pays du Nord de l’Europe est clair : vous n’aviez qu’à épargner, ce n’est pas notre affaire ! C’est en substance ce qu’a déclaré le Premier ministre des Pays-Bas, provoquant la colère du gouvernement portugais. C’est bien le même film qui se joue : le refus de solidarité en Europe. L’idée d’une dette commune (via l’émission de « Coronabonds ») regroupant tous les États européens est pour l’instant rejetée. Cela veut dire qu’en cas de problème par la suite, les pays en difficulté (l’Italie, l’Espagne), devront accepter des cures d’austérité et son lot de mesures antisociales (baisse des pensions, du salaire minimum, etc.). Cruel constat partagé par Anne-Laure Delatte, économiste au CEPII : « Si on n’est pas capable, face à une situation comme celle-là, un choc exogène , d’avoir une réponse coordonnée et positive, alors à quoi sert l’Europe ? Sinon à faire un grand marché qui distribue plus de profits aux entreprises ? » La solidarité dans le cadre européen n’est pour l’instant qu’un mot vide de contenu qui revient à chaque élection européenne. Pour combien de temps ?

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