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Actualités

Le volcan financier menace de se réveiller

29 Juillet 2019, 06:56am

Publié par La Cgt70

Note du Pôle éco de La Cgt

 

La BCE navigue à vue

La situation de l’économie mondiale est très, très inquiétante.

Alors que les plaies de la crise de 2008 sont encore ouvertes, l’éventualité d’un nouvel effondrement financier se rapproche chaque jour. Ce point de vue, partagé par un nombre croissant d’économistes, est également porté à demi-mots par Mario Draghi1 , le président de la Banque Centrale Européenne (avant de passer la main à Christine Lagarde, ancienne directrice du FMI).

Il envisage en effet de mener une nouvelle politique dite de « quantitative easing », c’est-à-dire d’injection de liquidités dans l’économie, en rachetant massivement des actifs aux acteurs financiers. De manière très schématique, la banque centrale continue de créer des quantités astronomiques de monnaie (plus de 4000 milliards d’euros depuis 2008) pour soutenir la croissance mais surtout assurer la survie des acteurs financiers.

La politique monétaire prise au piège des marchés financiers

L’objectif officiel de la politique monétaire est toujours la stabilité des prix, aux alentours de 2%. Mais en réalité, la BCE a cherché à relancer la croissance par la création massive de monnaie depuis la crise. Autant le dire clairement : cette politique menée seule est vouée à l’échec. Pire encore, elle a vraisemblablement contribué à semer les germes de la prochaine crise.

Sans rentrer dans les détails techniques, la politique de la BCE a contribué à faire converger les taux d’intérêts vers 0. Cela veut dire concrètement que nombre d’actifs sont jugés trop peu rentables par les agents sur les marchés financiers, qui se ruentsur tout ce qui peut rapporter un peu d’argent: immobilier, produits financiers complexes et risqués, fusions et acquisitions, profitant en plus d’un endettement pratiquement gratuit. La conséquence ? Pratiquement aucun investissement dans le domaine productif, et un développement de gigantesques bulles spéculatives. Ne cherchez pas beaucoup plus loin comment expliquer l’explosion des revenus des plus riches ; ils sont tirés par ces placements juteux sur les marchés financiers, complètement déconnectés de l’économie réelle.

La banque centrale est prise au piège ; si elle cesse de fournir de la monnaie aux marchés, elle peut provoquer une récession. Si elle continue, elle favorise l’expansion de bulles spéculatives. Il ne reste vraisemblablement qu’un seul scénario à l’arrivée : celui d’une crise financière majeure, peut-être plus importante que celle de 2008. Le capitalisme financiarisé est en situation critique, et nous risquons, encore une fois, de payer le prix de la faillite si nous n’agissons pas avant.

Se libérer de l’emprise des marchés : une nécessité économique

La CGT revendique de longue date de sortir la production de la domination financière. C’est non seulement essentiel pour libérer le travail, mais également fondamental pour assurer un développement économique stable, respectueux de l’environnement, et profitable à tous et toutes. La politique monétaire seule « pousse dans le vide » quand elle place toujours plus de monnaie dans les mains des plus riches ; nos revendications proposent une autre voie :

 Augmenter les salaires pour soutenir la demande et contribuer à la reprise économique

 Favoriser l’investissement productif via notamment un Pôle Financier Public et s’assurer que la monnaie créée serve effectivement à satisfaire les besoins du plus grand nombre, pas à alimenter les bulles spéculatives

 Empêcher la spéculation par une modification en profondeur de la fiscalité sur les transactions financières

 Répartir les richesses autrement pour empêcher l’accumulation d’épargne dans les mains des plus riches

Il n’y a en matière économique jamais de fatalité. Il y a des choix politiques qui déterminent la manière dont nos rapports de production sont structurés. Les crises financières ne sont que le symptôme de l’incapacité du capitalisme financiarisé à produire autre chose que l’instabilité et les inégalités. Il est grand temps de passer à un autre modèle d’organisation de nos économies.

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